Enfant, je regardais Ma sorcière bien aimée. J’attendais avec impatience chaque nouvel épisode. J’étais fasciné par les pouvoirs magiques de cette femme au foyer qui renversait complètement la distribution du pouvoir au sein du couple hétéronormé de la société blanche américaine.
A l’adolescence, je ne manquais aucun épisode de Drôles de dames. J’adorais ce trio de femmes détectives travaillant pour le mystérieux Charlie.
Actuellement, je regarde des dizaines de séries chaque année. Je ne regarde presque plus de films, seules les séries m’intéressent et pour de multiples raisons. Avant tout parce que j’aime les formats longs. Il se crée une familiarité avec les personnages. Au cours de plusieurs saisons, on partage un moment de notre vie avec les personnages qui dure pour certaines saisons plusieurs semaines. Je ne regarde qu’un ou deux épisodes à la suite, les soirs où je suis chez moi, pas plus.
J’aime aussi beaucoup leur accessibilité. N’importe où dans le monde, je peux continuer à les regarder. Il suffit de mon ordinateur et d’une connexion internet. Une offre immense qui s’est aussi développée ces dernières années. Je lis également plusieurs blogs afin de connaître les nouveautés pour choisir la prochaine série que je souhaite voir. Nous sommes dans une période riche. Un âge d’or de la série.
Le cinéma en salle est devenu difficile pour moi, je préfère aller voir de la danse ou des performances, si je veux du live. Je ne supporte plus les longues plages publicitaires avant que le film commence. Je me sens prisonnier d’images que je trouve dégoûtantes. Cela me gâche totalement le film ensuite. Si on crée des séances avec uniquement le film, j’y retournerai peut-être.
J’ai beaucoup aimé « Vynil », la dernière saison de « Game of Thrones » et de « Tyran », « Transparent », « American crime », « Sense 8 », « Designated survivor », « Westworld », « Légion », « I love Dick », « The handmaid's tale » et la plus belle série depuis toujours à mes yeux, « Twin Peaks » La saison 3 ouvre une nouvelle étape dans l’abolition des frontières entre cinéma et série, nous vivons un bouleversement aussi dans notre manière de nommer les images et les registres dans lesquels elles opèrent.
"The Handmaid’s Tale », Saison 1, 2017
Je regarde les séries sur mon ordinateur en streaming, le soir en général.
"Twin Peaks", Saison 3, 2017
« Legion », Saison 1, 2017
Pascal Lièvre
Mo Gourmelon : Parmi les séries qui t’intéressent, y en a-t-il qui ont fait évoluer selon toi la question du féminisme, du genre, les questionnements que tu partages avec l’historienne de l’art et commissaire d’exposition Julie Crenn dans vos projets communs, expositions, conférences… ?
Pascal Lièvre : Je ne parlerai qu’en mon nom. Oui évidemment et même beaucoup de séries ont accompagné ma vie et ont changé mon regard sur ces questions.
Il y a eu tout d’abord les séries liées à mon orientation sexuelle qui ont compté pour moi, comme « Absolutely Fabulous », « Les Chroniques de San Francisco », dans les années 90, ou « Queer as Folk », « The L world ». Récemment, « Transparent », « Big Little Lies», et surtout the « Handmaid’s tale » ou encore « Glow » font bouger les lignes sur les questions des féminismes contemporains et de leurs représentations dans ces formats.